23 Juil
Oui ou non?

Oui ou non?

En collaboration avec Rachel Bergeron.

On a parlé beaucoup, dans la dernière année, du consentement. On s’est rendu compte que ce concept, bien que tout simple, était méconnu d’une grande partie de la population. Ça en a fait réfléchir plusieurs sur toutes ces fois où ça avait été plus loin que souhaité et aussi sur certaines fois où on avait ignoré le fait que l’autre devant nous, n’avait pas envie. C’était une étape importante à franchir socialement.

J’aimerais aller encore plus loin. J’aimerais aborder le fait, que c’est loin d’être clair pour tout le monde ce que ça veut dire, dire oui. Je suis frappée par le nombre de fois où des femmes ( majoritairement des femmes mais pas qu’elles) ont dit oui à une relation sexuelle alors qu’elles n’en avaient pas envie ou encore toutes ces fois où en y repensant, elles n’avaient aucune idée si elles avaient envie ou pas. Parfois, des enjeux extérieurs sont venus jouer dans l’histoire, d’autres fois elles ont voulu acheter la paix ou encore elles n’ont simplement pas pris le temps de se poser la question parce qu’elles pensaient que ça allait de soi.

On se pose quoi comme question?

-Est-ce que j’en ai envie?

-Comment je me sens présentement?

-Quelles sont les sensations présentes dans mon corps?

-Est-ce que j’ai des frissons? D’autres sensations?

-Est-ce que j’ai chaud? Froid?

-Et émotivement? Je vis quoi? Du désir, de la peur?

-Quelles sont mes motivations?

Pourquoi je ferais ça? J’en ai envie? Pour faire plaisir? Parce qu’il le faut? Etc.

-Etc

Le rythme est important. C’est important de trouver la bonne intensité, la vitesse à laquelle on est bien pour que ça reste agréable. Un non ne veut pas nécessairement dire qu’on met fin à ce qui est en train de se passer ou qu’on ne pourra pas changer d’idée plus tard. En cas de doute sur notre ressenti, un non vaux mieux qu’un oui, le temps de trouver ce qui convient. On dit souvent oui parce qu’on ne sait tout simplement pas ce qu’on ressent. Il est fort possible que si on ne sait pas ce qu’on sent, c’est qu’il y a un non quelque part qui a besoin d’être entendu et adressé, aussi petit soit-il. Ce n’est qu’une fois que ce non est tassé du chemin, que la place pour le plaisir revient, ou encore que l’espace pour un refus plus définitif apparaît.

On oublie souvent que si on doute, il est possible et important de demander une pause, un changement, pour arriver à se centrer et savoir ce qui se passe en dedans. Loin de mettre un frein au moment partagé, ça crée justement un lien plus authentique, respectueux avec soi-même et avec l’autre.

Et dire non, ça ne signifie pas uniquement refuser. Par exemple si on refuse d’aller passer une soirée avec des amis parce qu’on a envie de lire dans son bain, on dit non à ses amis, mais on dit oui à son livre. D’autant plus que lorsqu’on acceptera une invitation chez des amis, ça sera un véritable oui. Un refus dis toujours oui à autre chose. Il est bon d’identifier à quoi on dit oui quand on dit non. Dire non à quelqu’un veut aussi dire oui à soi-même, c’est une manière de prendre soin de soi et aussi de l’autre. Habituellement, à partir du moment où un des partenaires n’est plus consentant, ce n’est pas si agréable pour l’autre.

Étonnement, il est bon de se rappeler qu’une relation sexuelle, ça devrait être minimalement agréable, amusant, susciter du plaisir. Pour arriver à ça, il faut prendre quelques précieuses secondes pour se demander si on a envie. Étape qu’on franchit souvent rapidement, emporté par le feu de l’action ou apeuré que ce qui est en train d’arriver arrête. Pourtant, cette étape est inévitable si on veut s’assurer de s’engager dans une relation sexuelle qui a le pouvoir de générer une quantité minimale de plaisir et de satisfaction.